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Perspective poétique
GOLFE

Emna Zina THABET

 

Nous multiples, nous Un.

Nous bleu, nous onde.

Geyser de phosphogypse, bousculade chimique,

Nous herbiers de Posidonie, nous punica granatum,

Nous vibration,

Ammoniac, fluorure d’hydrogène,

Nous frayère qui se vide

Petites bulles de futurs non advenus.

Goût-odorat annihilé

Nous nuances,

Nous multiples, nous devenus sans couleur

Nos feuilles couvertes de cette poussière dont nous ignorions le goût

Nos lignes latérales brouillées, neuromastes ouatés de crème solaire

Poumons, racines, vrilles, écailles,

Etouffés, rabougris, desséchés,

Oxyde de soufre, particules fines,

Atomes de nos douleurs.

Nous mer, pierre, rocher, oasis, œil, humains, spires, ciel,

Nous bleu, nous multiples, nous un,

Vos mots, fumées, volutes, pestilences,

Vos livres blancs de la mer,

Votre béton, vos financements,

Polymères et composites,

Vos pluies acides, notre air qui brûle, nos tumeurs.

Nous multiples, nous Un.

Cette proposition poétique d’Emna Zina Thabet autour du golfe de Gabès nous évoque la présence du Groupe Chimique Tunisien et de ses usines de transformation du phosphate à la lisière de la seule oasis littorale de Méditerranée. Cette présence a des conséquences désastreuses sur la santé de toute l'oasis et de la biodiversité marine. Ce texte est une tentative de prise de parole.



Compte instagram @WagaZina, Facebook : Emna-Zina Thabet

Golfe

La mer fait partie intégrante de l’imaginaire relatif à l’insularité. On le voit à travers des œuvres littéraires ou cinématographiques. Elle est indissociable de la terre insulaire et devient le théâtre où se déroule des récits captivants, suscitant autant la fascination que la crainte. La mer incarne un puissant vecteur d’émotions. L’altération des représentations collectives de l’insularité a pâti des évènements médiatisés tels que les attaques de requin. Morgane Andry s’est alors penché sur les discours des promoteurs pour valoriser la mer comme argument touristique, au carrefour des sciences du langage et de la communication. Elle a mené une étude qualitative dans les guides touristiques et une étude quantitative de textes publiés sur Instagram.

Morgane Andry est docteure en sciences du langage au sein du laboratoire LCF. Université de La Réunion. Sa thèse a porté sur l’analyse sociolinguistique des représentations de La Réunion dans les discours de promotion touristique

 

 

Retrouvez-la sur Linkedin et sur Medium

 

Perspective linguistique
La mer et ses représentations dans les discours de promotion touristique : le cas de l’île de la Réunion, par Morgane Andry [Lien vers la vidéo]

Linguistique

Compte rendu de symposium par Tassanee Alleau


Histoire environnementale III

Le symposium "Loin du jardin" s'est tenu du vendredi 24 au dimanche 26 mai 2024, au Magasin Électrique du LUMA Arles. Pour cette troisième édition, LUMA Arles a réuni chercheurs, artistes et paysagistes autour d’une approche historique de l’écologie. Le thème central, "Loin du jardin", visait à explorer les impacts de l’industrialisation sur les paysages et les écosystèmes, tout en questionnant la contradiction entre l’image traditionnelle du jardin et les réalités écologiques contemporaines. J’y étais, et je vous raconte.

 

Le lieu invite à la réflexion. Musée d’art contemporain dans une ville du sud chargée d’un patrimoine antique puissant, et situé dans un parc totalement revisité, le Magasin Électrique du LUMA Arles permet les chevauchements, les croisements, les perspectives variées et les questionnements. Vendredi 24 mai, l’après-midi a débuté par un mot d'accueil par Martin Guinard et Salma Mochtari, curateurices de cet évènement d’ampleur, suivi d'une introduction par Grégory Quenet, professeur d'histoire de l'environnement à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, a ensuite présenté une réflexion sur le changement historiographique en environnement. Son discours passionné a ouvert le lien entre histoire et création de nouvelles pensées ou “racines”. La soirée s'est poursuivie avec le lancement du livre SPF 666 : Gótico Provençal, fruit d’une vingtaine de contributions, lors d'une table ronde animée par Diana Campbell, Pierre-Alexandre Mateos, et Charles Teyssou, modérée par Simon Castets.

Le livre explore le mouvement gothique tropical à travers les mythologies sombres de la Provence, abordant les spectres écologiques, coloniaux et magiques dans la culture contemporaine.

 

Le samedi 25 mai, fort-es d’une soirée déjà riche, les participant-es de toutes les disciplines et de tous les métiers, ont été invité-es à un atelier intitulé "Être le vent pour les arbres : laboratoire de poésie générative", dirigé par Natalia Fedorova, artiste. Nous avons ainsi utilisé des senseurs pour collecter des données physiologiques d'arbres et les avons traduits en poésie, après une promenade dans le parc, à reconsidérer les arbres dans leur biotope et par leur physiologie. L'après-midi, nous avons suivi une conférence d’Hélène Blais sur les jardins botaniques coloniaux, suivie d'une table ronde avec Bas Smets, Véronique Mure, et Hélène Blais, discutant du Parc des Ateliers comme jardin expérimental, et remettant en question les valeurs de “sauvage”, “plantes spontanées”, de “laisser faire au jardin”. Après une projection du film décontenançant "Le Labyrinthe" de Laura Huertas Millán, la journée s'est conclue par des interventions de Mohamed Amer Meziane et Zairong Xiang, explorant respectivement la philosophie des mondes souterrains et l'épanouissement queer (au travers d’une étude linguistique passionnante).

 

Dernière journée, le Dimanche 26 mai, s’est engagée sur le terrain des expérimentations et des actions concrètes, avec une discussion sur "L’Itinéraire de Mireille", et les travaux de Véronique Mure pour décentrer le regard des futures générations de paysagistes et botanistes. Cela fut suivi par une conférence de Tarek El-Ariss sur "Le jardin près de la mer", exploration d’un Liban où la mer est à la fois l’écrasant imaginaire du souvenir de la guerre, et le symbole d’un étalement vers l’avenir.

Maïa Hawad a ensuite présenté des imaginaires nomades du Sahara, dans un brillant discours entre images poétiques et recherche-action au sein des populations nomades.

 

Ce jour dominical s’est terminé par les présentations de Feda Wardak et Raphaëlle Guidée sur les terrains vagues de Detroit et du Nord de la France, suivie d'une conférence de Samir Boumediene sur les déchets et les productions de l’inutile, notamment dans l’ère extractiviste du début du XVIe siècle. Alessandro Stanziani a ensuite parlé des semences céréalières, des civilisations alimentaires aux OGM, tout en détendant l’atmosphère par son étude sociologique des producteurs de pâtes. Maya Lin a clôturé la série de conférences avec une intervention intitulée "Hors du jardin" et sa pratique du Land Art, puis par un hommage à Gustav Metzger, lors d'une table ronde modérée par Vassilis Oikonomopoulos.

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Environnement
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