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Perspective d'urbaniste
Les Villes « Gardiennes de l’eau »

Ingrid H.

 

Que sont les villes gardiennes de l’eau ? Explications.

 

J’ai fait connaissance avec le concept des communes « gardiennes de l’eau » qui concerne un certain nombre de villes de la métropole lilloise situées sur les champs captants. J’ai toujours su que la ressource en eau était un sujet important surtout en ces temps d’incertitudes où le réchauffement climatique mène la danse.

E A U

Ingrid nous raconte la problématique de l’eau dans les villes. Une perspective urbanistique.

Des communes se sont ainsi mobilisées pour protéger la ressource en eau souterraine sur laquelle elles sont implantées afin de garantir un accès durable et pour tous à une eau de qualité. Ajoutons que l’alimentation en eau potable de ce territoire se fait essentiellement grâce à des prélèvements dans les nappes phréatiques qui contribuent à + de 70 % de la production d’eau et, pour près de la moitié, cette eau provient de la nappe de la Craie, située au sud de la Métropole.

 

Les enjeux identifiés pour améliorer le bien-être et la santé des habitants du territoire sont les suivants (source : MEL) :

  • Limiter l’artificialisation du périmètre de l’aire d’alimentation des captages (AAC),

  • Valoriser les zones naturelles et agricoles en excluant toute nouvelle extension urbaine,

  • Refondre les projets de desserte routière, les façons de construire, le traitement des activités à risques… afin de minimiser l’impact sur la ressource en eau.

 

Cette stratégie a pour but d’inscrire cette démarche dans la trajectoire de limitation de la consommation foncière pour le Zéro Artificialisation Nette (ZAN). En effet, en limitant l’imperméabilisation des sols et en favorisant l’infiltration de l’eau, la biodiversité et la qualité des paysages sont améliorées.

 

Des actions sont mises en place notamment en remplaçant les espaces minéralisées par des fosses végétalisées, en créant des espaces nature dans les cours d’écoles, en favorisant les mobilités douces, en mettant en valeur le cycle de l’eau …

Cette démarche est inscrite dans les documents de planification urbaine notamment dans le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) et le PLUi (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal).

 

Concrètement cela se traduit dans le Plan Local d’Urbanisme par une limitation de l’artificialisation des sols avec des emprises au sol réduites, par une gestion des eaux pluviales par infiltration, par la mise en œuvre de la Trame Verte et Bleue (préservation d’un réseau de continuités écologiques) par l’amélioration du cadre de vie des habitants du territoire.

Toutefois, il est important de souligner que les communes « Gardiennes de l’eau » ne maîtrisent pas l’ensemble des facteurs de cette nouvelle charte mise en place qui peut présenter quelques limites. Certaines villes se voient contraintes de construire moins et de préserver leurs terres agricoles et champs captants. C’est un mal nécessaire pour préserver une ressource qui pourrait venir à manquer dans les années à venir mais elles sont aussi rappelées à l’ordre par l’Etat car elles n’ont pas respecté le quota légal de logements sociaux et sont donc mises à l’amende.

Pour les villes gardiennes de l’eau, il est difficile de respecter les quotas de logements sociaux sans s’étendre.

 

Il est important d’accompagner ces communes pour les aider à transformer certains logements vacants en logements sociaux. Comment répondre à une demande sociale forte en territoire tendu avec des restrictions qui s’avèrent nécessaires pour notre avenir ? Il est important de réfléchir à l’ensemble des politiques publiques et de les mettre en cohérence et en synergie.

Autre limite, l’ensemble des parcelles d’un terrain se trouve en champs captants et n’appartiennent ni à la collectivité ni à la métropole. Elles ont beau se trouver en zone N ou A (naturelle ou agricole ce qui rend quasiment impossible les constructions sur ces terrains) du règlement du PLUi, les propriétaires ne respectent pas toujours le PLUi et construisent parfois sans autorisation. L’infraction est certes constatée mais le temps de la justice s’avère long. Constructions qui ne respectent ni le PLUi, ni la charte de l’eau et qui déversent des eaux polluées dans les champs captants. Qui dit eaux polluées, dit pollution des nappes phréatiques.

Problème: comment allier améliorations sociales et mesures respectueuses de l’environnement ?

Des règles sont édictées pour protéger la ressource en eau. C’est une initiative qui ne peut être que saluée vu le contexte actuel. Mais les marges de manœuvre sont restreintes et peu connectées à la réalité du terrain. Rien n’est mis en cohérence pour faire respecter la règle et l’adapter aux contraintes des territoires.

 

Les communes se trouvent souvent démunies face aux exigences imposées et parfois sans moyens humains et techniques pour y répondre.

En tant qu’urbaniste, je trouve qu’il est temps que nous sortions de notre bulle de contraintes et de règles de construction afin de pouvoir proposer de nouveaux modèles d’aménagement. De rendre nos villes désirables, de remettre la nature en ville, de la déminéraliser afin d’éviter les différents évènements climatiques qui vont se succéder.

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