Mer N°7 de GRANDE (dispo sur Bandcamp)
Le 19 juin 2024, nous avons eu la chance d'interviewer Gabriel, membre du duo français de folk rock, GRANDE, pour discuter de leur album "MER n°7".
Gabriel nous raconte que "MER n° 7" est une collection de morceaux, récoltés çà et là, mais ce n’est pas un album concept. C’est plutôt une accumulation de chansons qui invitent au voyage. Inspiré par l'élément de l'eau, l’imaginaire du voyage à travers les océans, cet album explore les métaphores liées à la mer, l'immersion et la transformation. Pour écrire et composer, “nous avons notamment passé une semaine dans le Berry”. D’où, peut-être, des morceaux comme “The Ceiling”, ou “La Maison”. Tout cela suivait un processus intuitif, Chloé Boureux au violon et Gabriel Debray à la guitare-voix, chacun faisant un retour sur ce que proposait l’autre, l’une plus portée sur la musique traditionnelle, et l’autre inspiré par l’instrumentation folk-rock et par le Brésil. Ainsi, le duo adopte une démarche instinctive et collaborative pour composer leurs morceaux. Ils travaillent ensemble sur les arrangements, intégrant des violons, des cordes, le chant.
L’album de cold folk, "Mer n°7", nous dit-il, est le récit de l’inconnu, "une mer mythique", et de "l'ailleurs", où l’imaginaire crée des fictions fantastiques. D’ailleurs, leur album parle de métamorphose. Ambiance feu de cheminée, vieux château, atmosphère mystérieuse et feutrée pour certains titres, plus explosive et plus colérique pour d’autres. Entre ballade et pur moment de folk, des instruments divers viennent enrichir les pistes: contrebasse, clarinette, batterie, synthétiseur, basse, etc.
L’album, enregistré aux Labomatic Studios Paris a permis une belle tournée, avec une série de concerts en France, à Paris, ou au Temps Machine en Touraine, mais aussi au Chili où ils ont collaboré avec l'Institut Français.
Gabriel Debray nous parle de l’un des morceaux phares de l'album, "L'homme de la rivière", qui symbolise cette transformation dans l’eau, ce milieu inhabituel que le personnage décide de franchir, comme le miroir de nos vies. L’eau, dans laquelle on peut voir un reflet, peu importe lequel, est la métaphore du plongeon dans un univers aquatique méconnu, qui, si on saute dedans, signifie qu’on choisit d’appartenir au monde.
L’illustration de l’album est réalisée par Flor Chemin: on y voit ce qui symbolise le processus transformatif (eau-reflet-corps), thématique récurrente dans leurs chansons.
Album indépendant, authentique, paisible, et sincère, le morceau “La Peau” y parle de transidentité, de l’acceptation de soi, une route sinueuse qu’a vécu Gabriel Debray. L’introduction aérienne, instrumentale et cinématique, puis l’évocation du rêve, du naufragé, et du réveil, dans le “Sommeil”, sans oublier le passage à quelques textes en anglais, font de l’album quelque chose qui tient du dark folk, un peu gothique, depuis les eaux troubles, jusqu’aux eaux lumineuses de leur imagination, nous en sortons séduit-es.
Gros plan sur...
GRANDE
La Liste
Petite liste des pépites à lire, pour en savoir d’avantage sur nos rapports à l’eau. Liste pensée par Fiona Marchou
Livre: Ressac de Diglee, éd. La ville brûle, Qui n’a jamais rêvé de tout quitter le temps de quelques jours, pour faire le point sur sa vie, sur ses envies ? Maureen Wingrove, alias Diglee, l’a fait. Durant une semaine, elle s’est octroyée une pause personnelle, un retour aux sources, dans une abbaye bordée par l’océan. Les embruns, la musicalité de l’eau l’ont aidé dans cette démarche, car la nature fait également partie du processus de reconnexion !
L’eau est essentielle à notre vie. Nous la buvons, nous l’usons pour diverses activités, mais l’eau est également source d’inspiration pour les femmes et les hommes. Liquide, cascadant au coeur de notre imagination, elle a offert de très beaux textes et dessins aux auteur.rice.s. Voici une sélection qui ravira petit.e.s et grand.e.s !
Pour ce qu’il me plaist, Laure Buisson, Grasset (hélas !), 2017
Avez-vous déjà entendu parler de Jeanne de Belleville ? Que nenni et c’est assez logique, car l’Histoire l’a effacé au profit de son mari, le baron Olivier de Clisson. Celui tué sur ordre du roi, elle décide de le venger en défaisant les équipages français, devenant ainsi la “première” femme pirate !
La tisseuse de nuages, Ingrid Chabbert, éd. Des ronds dans l’eau, 2017, Inspiré de la culture chinoise, cet album conte l’histoire d’une sécheresse qui s’installe encore et encore. Afin de la contrer, un homme est parti chercher de l’eau, mais n’est jamais revenu. Nous suivons Chih-Nii, une petite fille, qui, toutes les nuits, tisse des nuages gorgé du liquide précieux.
L’écho du lac, Kapka Kassabova, Marchialy, 2021, Entreprendre un voyage pour retrouver ses racines, pour comprendre son histoire familiale et surtout apprivoiser ces lacs que sont Prespa et Ohrid. C’est la démarche entreprise par Kapka Kassabova, une autrice vivant en Ecosse, et originaire d’un récent pays européen, la Macédoine du Nord. Les lacs Prespa et Ohrid jouent un rôle fondamental dans la construction du pays, témoins privilégiés de l’Histoire des Balkans et dans celle de la famille de l’autrice.
Chaumière, Toni Demuro, éd. La Palissade, 2019, Un peu sorcières, deux femmes âgées vivent dans une chaumière au plus près de la falaise. Est-ce elles qui créent les marées, ou bien ces dernières rythment la vie de ce duo ? Un album doux, aux accents irlandais (un accompagnement sonore s’écoute en admirant les illustrations) qui démontre l’importance de s’adapter à la nature.
Ballade en mer, Nina Laden et Melissa Castrillon, éd. La Martinière, 2019, Laissez-vous emporter par la mer et ses habitants. Un voyage initiatique, à travers des planches illustrées magnifiques et un audio qui nous embarque dans cette grande aventure. Nous découvrons une mer loin d’être calme, mais si poétique !
Ar-Men, Emmanuel Lepage, éd. Futuropolis, 2017, Célèbre phare au large des côtes bretonnes de l’île de Sein, Ar-Men est imprenable, impitoyable et pourtant des hommes ont été ses gardiens. Ce fut le cas de Germain. Un gardien riche d’un secret, celui de Moïzez et de la construction du phare. Une bd à prendre d’assaut, qui nous immerge dans un quotidien très loin du nôtre.
La baie de l’Aquicorne, Kay O’Neill, éd. Oni Press, 2018, Qu’est-ce donc un aquicorne ? Ou plutôt qui est-ce ? Tournez les pages aux couleurs pastels pour le découvrir. Elles vous mèneront dans un village où les habitant.e.s vivent des produits de la mer. Cependant, même en pensant faire attention, ne finiront-ils pas par abimer la mer et ses habitants ? Véritable fable écologique, cette courte bd offre une jolie morale qui rend espoir.
Le conseil de La Tournée de Livres @latourneedelivres: Océan Mer d’Alessandro Baricco, folio. Il y a bien longtemps de cela, au milieu d'un océan, une frégate de la marine française fait naufrage. Cent quarante-sept hommes essayent de survivre en prenant place sur un radeau. Une horreur qui durera des jours, où se mêlent alors violence, férocité humaine et empathie.
Le conseil de Tassanee @jesuismyriades : Le Monde Englouti de J.G. Ballard. Auteur qui m’avait été recommandé par @apcalipticart, j’ai découvert Ballard à travers plusieurs romans, dont celui-ci qui traite d’un univers dans le futur très proche, voué à l’élévation catastrophique des océans. L’Angleterre y est une sorte de gros marécage vaseux sous un climat tropical et les habitants tentent de survivre à cette fin du monde.
La Playlist
Ce que vous devez écouter ! Cliquez sur les vignettes.
Mer numéro 7 de Grande,
un album entre dark folk et cold rock.
Album : Sutari SIOSTRY RZEKI / RIVER SISTERS, musique traditionnelle
Ecologie à l'opéra et "Octopolis", le bleu des abysses en BD, Avec Gaétan Nocq auteur du romain graphique "Octopolis" et Sébastien Guèze le ténor qui veut verdir l'opéra.
Les petits ruisseaux - mieux gérer l'eau grâce à la nature, un podcast en 9 épisodes pour aller à la rencontre de celles et ceux qui ont mené des réalisations concrètes
Le 18/20 · Le téléphone sonne, En bouteille ou au robinet : à quelle eau se vouer ?
Quelles sont les extraordinaires adaptations du vivant au plus profond de l’océan ? Un podcast produit par le Muséum national d’Histoire naturelle et Création Collective
Eaux coloniales : Les "eaux coloniales" désignent les eaux maritimes et fluviales des colonies sous l'autorité d'une puissance coloniale. Elles incluent les territoires maritimes, souvent exploités pour leurs ressources naturelles, et servent à la navigation, au commerce, et à l'administration des colonies.
Lire un article à ce sujet : L’Aquarium tropical ou la section des eaux coloniales
Eau fluviale : L'eau fluviale est l'eau provenant des rivières et des fleuves. Elle circule à la surface des terres, alimentée par les précipitations et les sources souterraines, et se déverse généralement dans les mers ou les océans. Elle fait face aujourd’hui à d’importantes sécheresses.
Eaux pluviales : Les eaux pluviales sont les eaux provenant des précipitations, telles que la pluie, la neige fondue ou la grêle. Elles peuvent s'infiltrer dans le sol, ruisseler à la surface, ou être collectées dans des systèmes de drainage pour prévenir les inondations et gérer les ressources en eau.
Eau de parfum : L'eau de parfum est un type de parfum contenant une concentration de composés aromatiques généralement comprise entre 15% et 20%. Elle est plus concentrée que l'eau de toilette, mais moins que l'extrait de parfum, offrant un bon équilibre entre intensité et longévité de la fragrance. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que l’eau de parfum se compose de 80% d’alcool.
Eau de source : L'eau de source est une eau souterraine qui jaillit naturellement à la surface de la terre. Elle est souvent pure, n'ayant pas subi de traitement chimique, et peut être utilisée pour la consommation humaine. Toutefois, il a été découvert une forme de pollution des eaux de source.
Lire un article à ce sujet : Tromperie à grande échelle pour masquer des contaminations
Eaux ruisselantes : Les eaux ruisselantes sont les eaux de pluie qui coulent à la surface du sol avant d'être absorbées par le sol ou de rejoindre des cours d'eau, des lacs ou des océans. Elles peuvent entraîner des sédiments et des polluants, contribuant à l'érosion et à la recharge des nappes phréatiques.
Colonisation par l’eau : La "colonisation par l'eau" désigne l'occupation et l'exploitation des territoires grâce à l'utilisation des voies navigables et des ressources aquatiques. Cela inclut l'établissement de colonies le long des côtes, des fleuves et des rivières pour faciliter le transport, le commerce et l'accès aux ressources naturelles, souvent dans le cadre d'expansions impérialistes, notamment par le contrôle de barrages hydroélectriques.
Lire un article à ce sujet : Les eaux de l’Himalaya : barrages géants et risques environnementaux en Asie contemporaine
Eaux mortes : Les "eaux mortes" sont des zones d'eau stagnante où le courant est faible ou inexistant. Cela peut se produire dans des marais, des étangs ou des parties de rivières où le mouvement de l'eau est limité. Ces zones peuvent accumuler des débris et des sédiments, et souvent avoir une faible teneur en oxygène, ce qui peut affecter la faune et la flore locales.
Territoires maritimes : Les territoires maritimes sont les zones d'océans, de mers et de littoraux sur lesquelles un État exerce sa souveraineté ou des droits spécifiques. Cela inclut les eaux territoriales (jusqu'à 12 milles marins des côtes), la zone économique exclusive (jusqu'à 200 milles marins), et parfois le plateau continental. Ces territoires sont concernés pour la navigation, la pêche, l'exploitation des ressources et la sécurité nationale. Ils sont les lieux de conflits internationaux.
Le chiffre :
C'est une tragédie mondiale qui touche les diasporas provoquées par les conflits et les changements climatiques. 27 364 morts et portés disparus ont été recensés en mer Méditerranée depuis 2014. Lire à ce sujet L'article du Monde.
Lexique
mieux comprendre
A visiter
par Fiona Marchou
Ce que je retiens de cette visite, au-delà de l’importance de ce fleuve et de ses affluents, c’est la pédagogie bien marquée. C’est un lieu adapté aux enfants, comme aux adultes, que l’on connaisse la Loire ou non. La scénographie joue avec nous, nous invite à toucher, à deviner, à observer et à écouter ce qui définit la Loire.
Il existe au total 6 maisons de la Loire qui se sont fédérées en tant que protectrices du fleuve.
Lors d’une des rares journées ensoleillées que nous ayons eu au mois de juin, j’ai poussé la porte d’un endroit fascinant et peu connu : la Maison de la Loire à St Dyé sur Loire.
Au coeur d’un ancien relais de poste, la Maison de la Loire vous invite à une visite immersive pour comprendre le fleuve royal. A travers six pièces, nous explorons ses différentes facettes qui forment son identité : la typographie, la faune, la flore, l’Histoire et l’inspiration.
Au-delà des espaces scénographiés, elles se sont données quatre mots d’ordre :
prévenir, former, sensibiliser et protéger ce patrimoine naturel.
Ces maisons se déploient du Cher au Maine-et-Loire et leur visite est bien souvent gratuite !
Une raison supplémentaire pour leur rendre visite et les soutenir !